Véronique Verdet

Nous parlons avec l’artiste française Véronique Verdet de son exposition actuelle Fouloscopie, qui est actuellement présentée au musée de Sankt Wendel.

Véronique Verdet est née à Cannes en 1967. Elle a étudié les arts plastiques et audiovisuels à la Hochschule der Bildenden Künste Saar. De 2004 à 2006, elle a été maître élève de Christina Kubisch et s’est spécialisée dans les projets audio-visuels. Elle vit et travaille à Sarrebruck. Elle crée des installations, des œuvres sonores et vidéo et elle dessine aussi de manière très classique sur papier. Vous découvrirez dans ce podcast les thèmes qu’elle aborde, les perspectives qu’elle nous montre à travers son art, la manière dont sa famille d’artistes l’a marquée et ses projets d’avenir.

Photo Credits:

1,2,3,5,6,9,11,12,16 Lukas Ratius
7,8,10,13,14 Verena Feldbausch
15S venja Sämann
4 Joseph Bonnenberger
Cover Bild: © Véronique Verdet

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Portrait d’artiste Véronique Verdet

Véronique Verdet est une artiste plasticienne française qui vit et travaille à Sarrebruck. De 2000 à 2004, elle a étudié à l’Académie des beaux-arts de la Sarre (SaarHBe) en mettant l’accent sur la sculpture et l’art audiovisuel et a terminé ses études avec distinction. Par la suite, elle a été étudiante en maîtrise de Prof de 2004 à 2006. Christina Kubisch. Depuis 2015, elle est membre du Saarländischer Künstlerbund

Pratique artistique

Les œuvres de Verdet se caractérisent par une approche interdisciplinaire dans laquelle elle combine divers médias tels que la sculpture, le dessin, la vidéo et l’installation. Un thème central dans son travail est l’examen de l’individu dans les masses ainsi que la perception de l’appartenance et de l’isolement. Dans son installation « Emportée par la foule » (2023), elle a montré 2 500 figurines miniatures qui ont formé un flot de personnes et visualisent ainsi les contextes sociaux et la dynamique des groupes.

Un autre exemple est l’installation spatiale «periphery / border-quality» (2016), qui traitait du sujet de la frontière et de sa perception. Elle a combiné des dessins et des éléments solides pour remédier à l’instabilité et à la complexité des expériences limites.

Expositions et projets

Verdet a présenté son travail dans diverses expositions et projets. En 2023, par exemple, elle a participé au projet «Kollektiv Bremm», qui traitait de la zone frontalière entre l’Allemagne et la France. Dans le cadre de ce projet, elle se consacre à la commémoration des prisonniers du camp de la Gestapo et traite de l’histoire et de la signification de ce lieu.

En 2022, elle est co-initiatrice de l’Hyper S’permemière dans la galerie européenne de Sarrebruck, un espace d’art temporaire dans lequel des œuvres de 23 artistes sont proposées. Ce marché d’art inhabituel permet aux visiteurs d’acheter directement des œuvres d’art, favorisant ainsi le dialogue entre les artistes et le public.

De mai à juillet 2025, Véronique Verdet montrera son art dans l’exposition individuelle « Fouloscopie » au Museum St. Wendel. Ici aussi, les sujets de foule, d’isolement, de quantité et d’individu, de mouvements, de rencontres et de divisions se répandent.

Conclusion

Véronique Verdet est une artiste polyvalente qui utilise son travail pour reprendre des thèmes sociaux et les réfléchit dans différents médias et formats. Par sa pratique interdisciplinaire et son engagement dans divers projets, elle contribue activement à la scène artistique en Sarre et au-delà.

Lire l’interview complète de Véronique Verdet

Nous parlons d’art chez art talk, le podcast d’art de SaarLorLux. Nous rencontrons les curateurs et les artistes là où ils exposent actuellement. Avec nous, vous découvrirez l’art contemporain et des espaces artistiques exceptionnels dans notre région. Participez aux discussions de la galerie, aux inaugurations d’exposition et aux journées de clôture. art talk s’écoute partout où il y a des podcasts. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de art talk. Aujourd’hui, nous rencontrons l’artiste française Véronique Verdet, avec qui nous avons discuté de son exposition actuelle “Fouloscopie” dans le musée de St. Wendel. Je suis très contente de me plonger dans l’univers très particulier de l’art de Véronique Verdet. Comme toujours, vous trouverez les illustrations des travaux discutés sur mon blog. Je vous souhaite une bonne écoute. Votre Verena Feldbausch.

Verena Feldbausch: Chère Véronique, bonjour et bienvenue dans art talk.

Véronique Verdet: Bonjour.

Motivation artistique et choix des thèmes

Verena Feldbausch: Qu’est-ce qui te pousse à être active sur le plan artistique ? Comment trouves-tu tes thèmes ?

Véronique Verdet: Oh, c’est une question très large. En fait, mon sujet est depuis quelques années déjà les masses. La foule, le mouvement, l’individualité, l’isolement, bref, tout ce qui nous concerne, nous les êtres humains. C’est, je dirais, mon thème principal depuis dix ans. Je ne peux pas vraiment te dire comment j’en suis arrivée là. Je crois que c’était une réflexion générale sur la société. Moins de la littérature ou quelque chose comme ça, mais plus, je pense, plus de la politique en fait, de l’actualité quotidienne.

Le processus créatif de “Fouloscopie”

Verena Feldbausch: Quel est donc ton processus créatif lorsque tu travailles sur une exposition comme celle-ci, “Fouloscopie” ?

Véronique Verdet: C’est justement pour cette exposition qu’il a été clair très tôt que j’aurais beaucoup d’espace à disposition, il était important pour moi de former une entité. J’aurais donc aussi eu la possibilité, justement parce que j’ai tant de place, de montrer différentes œuvres ou de différentes époques ou quelque chose comme ça. Mais il était important pour moi de former une entité. Et je voulais donc d’une part ce travail principal, c’est donc ce rouleau, ce dessin, qui fait dix mètres de long. Et oui, ce qui me préoccupe est vraiment visible à l’intérieur. C’est donc l’individualité, dans laquelle chaque point est indépendant. Ce sont simplement des milliards ou des millions ou je ne sais pas combien de points. Et ils se forment ensemble, ils se rejoignent, ils se déplacent, ils bougent. Oui, c’est donc par là que j’ai commencé pour St. Wendel. Parce que c’était clair pour moi, je voulais montrer quelque chose de grand de ce cycle de dessins à l’encre de Chine. Donc ce rouleau, il montre vraiment ce qui est important pour moi. Cette organique, on peut dire, parce que le rouleau évolue, ou ce dessin, le dessin évolue toujours un peu comme les êtres vivants. Donc ça coule. Et ici, j’ai effectivement formé un peu plus de motifs que d’habitude. J’ai donc souvent laissé faire, pour ainsi dire. Mais ici aussi, il était important pour moi de former davantage des motifs. On peut le voir, si on s’approche très près, on voit les constructions, des sphères plus étroites, plus denses ou des masses plus denses. Ou certaines forment même des motifs comme des fleurs.

Verena Feldbausch: Ce dessin, exactement. C’était le point de départ, parce que j’ai d’abord pensé à un paysage. Il s’appelle “Fouloscopie”, ce dessin. Et c’est là que nous en venons au titre de l’exposition à parler. “Fouloscopie”. “Fouloscopie” signifie la foule de gens. Pourquoi as-tu choisi ce titre ?

Véronique Verdet: “Fouloscopie”, c’est là aussi que je suis tombée dessus il y a quelques années, sur ce terme, après avoir écouté une émission sur France Culture, avec l’inventeur de ce terme. Il s’appelle Musaïd. C’est un scientifique, un sociologue, etc. Et il étudie en particulier les phénomènes de masse. Comment les masses se comportent-elles par exemple dans des situations de danger, quels mouvements se produisent ou comment les groupes se comportent-ils entre eux, les uns avec les autres. Et à ce moment-là, je m’intéressais déjà depuis un certain temps à ce genre de sujets. Et je lui ai alors écrit pour lui demander si je pouvais utiliser ce mot pour un nouveau cycle. Je ne savais pas à l’époque que j’y travaillerais encore des dizaines d’années plus tard. Et il était très, très gentil. Donc il est français, mais à l’époque il travaillait à l’Institut Max Planck à Berlin. Et oui, il m’a donc officiellement autorisé à utiliser ce mot pour mon travail. Et ça, ça me convient parfaitement, parce que c’est vraiment une étude de la foule. Les gens, la masse, les foules. Et je varie cela, comme on peut le voir ici avec les figures en 3D qui représentent pour ainsi dire les quantités.

Liens sociaux et perspectives individuelles

Verena Feldbausch: Et exactement. Dans ta pratique artistique, tu places l’être humain au centre. Quels sont les liens que tu veux mettre en évidence dans la société ?

Véronique Verdet: Beaucoup de choses. D’une part, il y a cette solidarité. Nous sommes tous pareils au premier regard. C’est toujours très important pour moi. Mais seulement à première vue. Comme pour les points, c’est ici pareil, j’ai modelé ces figures, elles sont aussi homogènes à première vue. Mais si je regarde de plus près, chacune d’entre elles se distingue. Nous avons donc ici à la fois des individus et des groupes. Et pourtant, certains se séparent ou se rencontrent. C’est pour moi un symbole de l’être humain. Donc parfois ensemble, parfois pas, au premier coup d’œil pareils, mais seulement au premier coup. C’est comme pour les points en fait.

Verena Feldbausch: Le titre pour ton installation ici à St. Wendel est-il aussi “Fouloscopie” ou est-ce un autre titre ?

Véronique Verdet: Non, le travail ici avec les personnages s’appelle “Emporté par la foule”.

Verena Feldbausch: Une petite remarque : “Emporté par la foule” signifie “Von der Menge mitgerissen”.

L’installation “Emporté par la foule”

Véronique Verdet: Ce travail comprend également une chanson que j’ai chantée. C’était la première fois que j’osais utiliser ma voix. C’était un très grand pari pour moi. Mais Sankt Wendel n’est pas la première fois que je montre ce travail. Je les ai donc montrés pour la première fois à la Kunsthalle de Memmingen il y a deux ans. Mais un peu différemment. Le podium était alors beaucoup plus grand et sans ce haut-parleur génial. Je ne l’avais pas encore à l’époque. Exactement. Et là, à l’origine, je ne sais pas si c’est intéressant, mais c’était ma candidature pour la SaarArt sur le thème de l’isolation. Et cela n’a pas été pris.

Verena Feldbausch: Tu as créé ce travail in situ à St. Wendel, parce qu’il est un peu différent de celui de Memmingen, comme tu l’as dit. Donc ça fait aussi 2 500 figurines, non ?

Véronique Verdet: Il y en a même plus ici. J’avais en fait la même situation à Memmingen, c’est-à-dire un long podium blanc et des personnages. Voilà, mais à Memmingen, j’avais constaté qu’il me manquait des personnages nettement plus petits. Puis j’en ai ajouté 100 et je les ai positionnés très différemment. Donc là, j’ai vraiment essayé de faire des groupes un peu plus restreints ou de faire plus de ces groupes restreints. Et puis, il y a aussi ce mouvement. Ce que j’aime dans ce travail, c’est que tu peux te raconter plein d’histoires. Donc ça dépend de l’endroit où je regarde. Et puis bien sûr, ce qui est toujours très intéressant, c’est le jeu de lumière qui se développe au cours de la journée. Et soudain nous avons aussi des ombres noires sur cette surface blanche. Alors ici à St. Wendel, cette pièce est en noir et blanc. Alors là, je ne voulais vraiment pas de couleur. Le rouleau est bien sûr en noir et blanc, la photo est en noir et blanc. Et ici, nous avons justement les figures blanches et de temps en temps ces ombres sombres, selon l’incidence de la lumière. C’est pratiquement très neutre. Tout le reste, tu peux t’imaginer toi-même… Ou je veux que les visiteuses se fassent leurs propres images.

Verena Feldbausch: Oui, c’est vraiment au visiteur de voir ce qu’il y voit.

Véronique Verdet: Oui, c’est toujours important.

Les figurines et l’intervention sonore

Verena Feldbausch: Revenons très brièvement sur les 2600 figures. Ils n’ont pas de visage et semblent homogènes à première vue. Mais en y regardant de plus près, ils sont très différents. Donc pas seulement en termes de taille, mais ils présentent aussi d’autres différences. Comment les personnages ont-ils été créés ? Tu les as faits toi-même et en quoi sont-ils faits ?

Véronique Verdet: Oui, je les ai faits moi-même et ils sont faits d’une pâte à modeler qui sèche à l’air. Ce qui est très pratique, car cela se passe rapidement. Donc ils sont petits aussi, donc ils ne pèsent pas lourd. Et la masse est suffisamment modelable pour présenter de toutes petites différences. Donc certains sont légèrement penchés, d’autres inclinés. Et c’est un matériau qui, d’un point de vue purement pratique, est facile à avoir sous la main. Oui. Donc et ça sèche vite, donc on peut continuer à travailler rapidement. Mais ils sont bien sûr tous collés ici, parce qu’ils sont justement relativement légers, ce serait trop risqué.

Verena Feldbausch: Et la couleur de départ est aussi blanche à partir du matériau ?

Véronique Verdet: Oui, exactement.

Verena Feldbausch: Dans cette pièce aussi, il y a cette intervention sonore, oui. On entend une chanson dans le haut-parleur et tu la chantes toi-même. Et quelle est cette chanson ?

Véronique Verdet: C’est une très belle chanson d’Édith Piaf. La chanson s’appelle “La Foule”.

Verena Feldbausch: “La Foule”, oui. Nous en écoutons ici un petit extrait. [Édith Piaf : La Foule chantée par Véronique Verdet]

Véronique Verdet: Le texte véhicule justement ce que je voulais véhiculer. Ce sentiment d’être seul au milieu d’une foule. Se retrouver tout seul. Et au fil de la chanson, leurs sentiments changent aussi. Au début, elle est… la masse est… ils rient et font la fête. Et soudain, elle se sent abandonnée et seule. C’est justement ce paradoxe ou cette situation contradictoire qui se produit tout à fait dans la masse. Parfois, tu te sens parfaitement à l’aise. Et tout à coup, tu réalises : Oh là là, qu’est-ce que je fais ici ? Ou soudain : La masse peut être à la fois menaçante, mais aussi être perçue comme bienveillante. Et c’est toujours ce qui fait la chanson, qu’il y a justement ces différents aspects en fait, une chanson très triste. À la fin, elle perd son mari.

La photographie et les contrastes émotionnels

Verena Feldbausch: Et comme quatrième objet dans cette pièce, on peut encore voir cette photo, la photo en noir et blanc d’une personne qui hurle. Pourquoi cela fait-il aussi partie de cette installation ?

Véronique Verdet: Oui, c’est quelqu’un qui ne cache vraiment pas son émotion. C’est vraiment un… C’est ce que je voulais aussi pour contraster ces personnages sans visage. Mais j’ai presque tout le visage ici. Et il a vraiment crié. C’est donc un travail très ancien. 20 ans. Et j’avais fait toute une série de portraits criants. Et il était le meilleur. Parce qu’il a vraiment crié. Alors les autres ont fait semblant. Et il a vraiment… Et au début, j’étais moi-même, je m’en souviens très bien, totalement effrayée par cela. Et puis j’ai fait comme ça… Parce que je ne m’attendais pas à ça. Je pensais qu’il ferait comme les autres, qu’il se boucherait les oreilles et ouvrirait la bouche. Mais il a vraiment crié. Et j’ai trouvé ça très… Simplement encore un sentiment très fort dans cet espace pourtant très harmonieux… Et c’est là que nous avons vraiment un sentiment non faussé.

Diversité des médias artistiques

Verena Feldbausch: Tu utilises plusieurs médias dans ton art. Donc la photo, la vidéo, le son et aussi, de manière plus classique, l’encre sur papier. Pourquoi cette diversité est-elle importante pour toi ?

Véronique Verdet: Oh, parce qu’elle me donne justement toutes ces possibilités. Et j’aime essayer. Je rejette aussi beaucoup de choses. Mais je n’aimerais vraiment pas, pas seulement sur le papier ou seulement modeler ou… J’ai vraiment envie de m’offrir ça, pour ainsi dire. Certaines personnes lancent… On m’a donc déjà reproché d’utiliser trop de médias différents. Mais je retiens cela. Parce que c’est très important pour moi, par exemple… Je ne suis pas très douée pour les couleurs, je trouve. Et une petite vidéo comme celle que nous montrons dans le couloir ici, ce ne sont que des couleurs. Et c’est ce que j’aime dans l’art, c’est que tu peux… Oui, tu as toutes les possibilités et le… Je m’ennuierais si ce n’était pas le cas.

Verena Feldbausch: Tu exploites toutes les possibilités.

Véronique Verdet: Oui.

La deuxième salle : vidéo et sculptures

Verena Feldbausch: J’aimerais passer à la deuxième salle. Tu veux qu’on y aille ?

Véronique Verdet: Oui.

Verena Feldbausch: Bien. Donc ici, dans la deuxième salle, nous voyons d’abord cette œuvre vidéo qui occupe tout le mur. Le titre est : “Le noir et le blanc”. On voit donc des boules noires et blanches qui tourbillonnent ainsi dans tous les sens et qui volent presque. De quoi sont faites ces balles et comment ont-elles été déplacées ?

Véronique Verdet: Ha, les boules sont aussi en pâte à modeler, mais d’une autre sorte que celle utilisée pour les personnages. Elle est encore plus légère. Elle est vraiment légère comme une plume. Et ces milliers de boules, je les ai bien sûr faites moi-même. Et ils ont été déplacés sur un… J’avais une très grande table, blanche, et un cameraman, et je les ai déplacés avec un sèche-cheveux. Et c’est là que nous… Ici, c’est très simple. C’est pratiquement… mes points en trois dimensions. Ce sont donc vraiment les… Ce qui se passe quand les gens, les points ou les billes dérivent, se rassemblent, s’accumulent… et puis presque simplement, ce contraste noir et blanc.

Verena Feldbausch: Il s’agit donc à nouveau de mouvement, de masses aussi. Parce que ce sont… Combien de balles y a-t-il ?

Véronique Verdet: Je ne sais pas du tout.

Verena Feldbausch: Et elles aussi sont à nouveau individuelles, parce que tu les as façonnées à la main. On y voit des petites entailles ou quelque chose comme ça. C’est donc tout naturellement que le titre “Fouloscopie” s’y prête super bien. En outre, on voit aussi dans cette pièce des figures en or. Ils sont un peu plus grands que les personnages sur le piédestal à côté. Ils sont sous des cloches en verre. Ça les rend nobles.

Véronique Verdet: Exactement.

Verena Feldbausch: Et ils sont sur des socles, ils sont éclairés et il y a un tapis orange tout autour. Qu’est-ce qui se passe avec ces personnages ? Donc les personnages s’appellent “les parias”.

Véronique Verdet: Et contrairement aux personnages blancs, ils ont des caractéristiques très claires. Donc elles ont des seins, elles ont des ventres, elles ont des ventres qui pendent. Elles ne répondent en aucun cas à une quelconque obsession de la minceur dictée par la mode. Mais ce sont vraiment des individus pour lesquels tu vois tout de suite : ok, elle est très différente de celle d’à côté. Alors j’ai ici… Certaines ont l’air d’être enceintes ou… Certaines sont même presque difformes. Et les faire en or était pratique pour leur donner une valeur qu’ils n’ont pas autrement. Précisément en raison de ces caractéristiques non adaptées. Donc, justement parce qu’ils sont gros ou, comme je l’ai dit, qu’ils ont des seins qui tombent, ce ne sont généralement pas des critères, que l’on valorise de nos jours. Au contraire. C’est quelque chose que je ressens à notre époque, dans notre société, c’est-à-dire notre société vraiment européenne ou occidentale, où nous vantons ces idéaux de beauté, ces corps créés artificiellement là.

Et là, je voulais justement le contraire. Je veux que ceux qui sortent du rang deviennent de l’or, oui, dorés. Et puis, avec ces cloches de verre et cet éclairage, elles ont quelque chose de muséal, de sacré. J’ai voulu mettre les parias en haut. C’est presque une présentation un peu vieillotte, car la lumière, le spot directement sur eux. Donc c’est un peu plus comme le musée égyptien ou quelque chose comme ça, oui. Et c’est ce que j’aimais, leur donner cette place. Et la couleur sur le sol n’est évidemment pas sans importance. C’est justement, comme je l’ai dit tout à l’heure, que je travaille presque exclusivement en noir et blanc dans cette exposition. Sauf dans le couloir.

Verena Feldbausch: Nous y revenons tout de suite. Donc l’orange n’a pas de signification particulière pour toi maintenant ?

Véronique Verdet: Non. J’aime la couleur.

Verena Feldbausch: Très, très belle pièce calme aussi. C’est presque méditatif ici. Parce qu’il est tellement obscurci que l’on peut bien voir la vidéo. Et puis avec ces spots qui sont sur ces stèles, donc très agréable d’être ici.

Véronique Verdet: J’ai trouvé ça aussi. Et j’ai trouvé cela aussi très beau, le contraste avec l’autre pièce principale, qui est toute claire, blanche… Et puis on arrive ici et on se sent protégé en quelque sorte. Eh bien, je me sens très bien ici aussi. Je trouve ça très bien. Mais c’est fou, non ? C’est vraiment une autre atmosphère.

Verena Feldbausch: Tout à fait différent.

Performance au vernissage

Verena Feldbausch: Intéressant lors de ton vernissage. Tu as proposé aux visiteurs de porter des capes orange, des capes de pluie. Et elles ont été plutôt bien acceptées.

Véronique Verdet: Oui.

Verena Feldbausch: C’était aussi une sorte de performance, pour apporter maintenant de la couleur dans l’autre pièce. Ou pourquoi as-tu fait ça ?

Véronique Verdet: Exactement. Donc, comme tu viens de le dire, je voulais mettre de la couleur dans la pièce. Et puis je voulais aussi que les gens aient la possibilité de faire partie de l’exposition. Et puis j’étais juste très curieuse de savoir comment ça allait fonctionner. Nous l’avons alors rapidement constaté. Ça a marché. La plupart s’y sont mis directement et ont enfilé ces ponchos très bizarres. Et puis je voulais juste voir si des groupes allaient se former ? C’était pratiquement une expérience en direct. Parce que, par exemple, dans ces expériences de fouloscopie qui sont menées, tu as souvent deux groupes. Le rouge et noir ou autre. Et là, nous avions donc ceux qui étaient en civil et ceux qui avaient des ponchos. Il y en avait plus de 50 ponchos, je crois. Et en fait, c’était vraiment, ça a tellement bien marché. Cela a aussi créé directement une atmosphère très différente de celle qui règne habituellement lors des vernissages. Souvent, tu as aussi des vernissages, c’est un peu irrévérencieux. Ce serait trop fort. Mais c’est un peu…

Verena Feldbausch: Peut-être de manière solennelle ?

Véronique Verdet: Oui. Et par le fait qu’ils ont pour ainsi dire enfilé ces ponchos directement à l’entrée du musée, on a directement beaucoup ri et comparé et fait et tout. Et aussi, ce qui était aussi sympa, je trouve, c’était les bruits qui en résultaient. Parce que les ponchos sont faits d’un drôle de film. Et cela a effectivement produit des sons très fins. Mais c’est surtout l’atmosphère qui m’a beaucoup plu. Je pense que je vais réutiliser cette idée. Je l’avais en tête depuis des années. Et c’est là que Frédérique (Steitz) m’a donné la possibilité de le mettre en œuvre. Elle était d’accord. Et nous étions aussi très impatients. Comment ça va marcher ? Et en effet, le soir de l’ouverture, les premiers visiteurs étaient deux dames âgées ici, je crois, de St. Wendel. Et elles ont d’abord un peu regardé. Et puis l’une d’entre elles a dit : “Oui, on y participe, on y participe”. Et vlan, et c’est parti. J’étais très heureuse. Et cela a effectivement dans l’espace blanc, la couleur, c’était tellement impressionnant. Donc tu avais des taches de couleur, et en plus en mouvement. Et ici, dans la salle obscure, c’était super aussi, parce que ça scintillait et ça miroitait.

Verena Feldbausch: Oui, heureusement, beaucoup de photos ont été prises ce soir-là. Je les mettrai aussi sur mon blog.

Véronique Verdet: Ah, c’est bien.

Verena Feldbausch: Alors on peut voir à quoi ça ressemblait ici. Et de toute façon, nous parlons de tes œuvres. Je mettrai les photos sur le blog pour que les gens puissent les regarder.

Véronique Verdet: Oui, très bien.

Le couloir : vidéo et dessins

Verena Feldbausch: Oui, maintenant j’aimerais bien aller dans le couloir avec toi. L’un des travaux est une vidéo, non ? Mais avant de passer au travail vidéo, Véronique nous dit quelque chose sur l’histoire de ses baskets oranges.

Véronique Verdet: Exactement, j’ai une petite manie. Pas toujours, mais presque toujours pour mes propres vernissages, je m’offre des chaussures. Et cette année, ils devaient être orange. C’est clair.

Verena Feldbausch: C’est très clair. Au couloir du Musée St. Wendel, il y a maintenant un travail vidéo qui montre un voyage en train.

Véronique Verdet: Oui, plusieurs.

Verena Feldbausch: Plusieurs voyages en train. Peux-tu me dire quelque chose à ce sujet ?

Véronique Verdet: Je prends assez souvent le train et depuis des années, je filme. Jusqu’à présent, je n’en ai jamais fait quelque chose dans ce sens. Mais ici, dans l’exposition “Fouloscopie”, je voulais aussi justement montrer des gens en mouvement, des gens qui vont quelque part, des gens qui arrivent, des gens qui partent. C’est ce que je voulais montrer. Mais même ainsi, comme pour les figurines, ils sont invisibles dans la vidéo. Alors là, je voulais juste les situations. Et on les comprend directement. De ceux qui marchent, des valises, de ceux qui se rencontrent, de ceux qui s’embrassent. Et j’ai fait un montage. Et cela apporte aussi de la couleur, ce dont nous avons parlé tout à l’heure. C’est aussi quelque chose, comme je l’ai dit, que je n’utilise pas d’habitude. Donc pas de manière classique. Donc sur de la peinture ou du papier ou autre. Rarement. Et j’en avais envie. Et c’est pourquoi j’ai parfois utilisé des couleurs un peu plus vives. Des valises roses, rouges et un ciel bleu. Et là j’aime bien quand le paysage défile. Et tu t’assois quelque part et ensuite, soit des gens, soit des paysages défilent. Et c’est une image qui m’interpelle.

Verena Feldbausch: Cela s’intègre bien dans le thème de l’exposition. Et à côté, on voit encore des dessins. C’est probablement aussi de l’encre sur papier. Et il y a des accents de couleur dessus aussi. Eh bien, elles aussi ressemblent presque à des couleurs fluo. Celles-ci, sont-elles peintes au pinceau ?

Véronique Verdet: Oui.

Verena Feldbausch: C’est une partie et l’autre ont des drapeaux de couleur.

Véronique Verdet: Exactement. Donc les dessins avec les accents de couleur orange, je l’ai fait spécialement pour l’exposition ici maintenant. La couleur est de l’encre de Chine et est accompagnée d’un geste. Je voulais rompre un peu avec le noir et blanc austère. Parce que ce travail, c’est-à-dire le dessin de la fouloscopie, que ce soit en rouleau ou sur des formats plus petits, est un travail très précis, pointilleux, un peu méditatif peut aussi être, en effet, mais qui nécessite beaucoup de calme et qui est aussi très agréable, justement dans ce calme et dans ce temps. Ça prend énormément de temps. Et c’est ce que je voulais briser, briser pour moi aussi, en y apportant d’un geste une couleur comme ça. Et puis j’ai placé mes points tout autour.

Verena Feldbausch: Donc tu as commencé par le geste et puis tu as…

Véronique Verdet: Oui. D’abord un petit essai, puis j’ai réalisé : Oh oui, j’aime ça, j’aime ça tout simplement. Ça a un côté vivant. Pour moi, cela a un côté vivant, un geste fort. Et j’ai trouvé ça intéressant. Et c’est justement de là qu’est né ce cycle de 10 épisodes. Et justement, et en face, nous avons des cadres d’objets, relativement profonds, je crois 5 cm. Et donc, ce sont aussi de la série Fouloscopie. Et ce sont pour moi, parce que parfois j’en parle aussi comme d’une cartographie fictive, je dirais. Parce que, comme tu l’as dit aussi tout à l’heure, on peut aussi y voir des paysages. Et j’ai eu cette idée. Et puis je me suis dit que si je travaillais avec des drapeaux, c’est-à-dire des drapeaux de marquage tridimensionnels, alors je soutiens cette idée d’une carte, d’une carte géographique. Mais peut aussi évoquer des associations tout à fait différentes. Certains voient donc directement quelque chose de militaire. Ce qui n’était pas ma première pensée. Ma pensée allait vers plus de territoires, de frontières, de cartes. Mais pas nécessairement dans le sens des partis, c’est-à-dire des militaires. Mais aussi intéressant.

Verena Feldbausch: Oui. Et aussi, c’est lié, non ? Quand on fixe des limites.

Message sociétal et espaces de réflexion

Verena Feldbausch: Quel message ou quel sentiment veux-tu transmettre aux visiteurs ici à l’exposition de St. Wendel ? Ou est-ce que ton but est plutôt d’ouvrir des espaces de réflexion au spectateur avec ton art ? Pour voir aussi les réalités sociales ou politiques sous un autre angle ?

Véronique Verdet: Plutôt comme ça. C’est très important pour moi. Et je suis toujours très heureuse quand les gens me racontent ensuite ce qu’ils voient. Je vais livrer le mien. C’est aussi cette façon de faire, par exemple, ce rouleau de dix mètres de long qui, pendant des mois a bien sûr pris du temps, c’est aussi ma façon de faire face à tout ce qui se passe dehors. Donc il y a des millions de pensées de moi dedans, mais ce sont les miennes. Et je suis très heureuse quand les gens voient eux-mêmes quelque chose de complètement différent que moi ou interpréter et ainsi de suite. Mais je ne veux pas trop m’expliquer moi-même. J’aime que les gens se présentent eux-mêmes, comme tu l’as dit, au spectateur et à la spectatrice. L’espace, c’est très important pour moi.

Influences artistiques et projets futurs

Verena Feldbausch: Y a-t-il des artistes qui t’ont inspiré dans ton travail ou des productions, qui te marquent particulièrement ?

Véronique Verdet: Inspirée je ne sais pas, mais il y a bien sûr beaucoup d’artistes que je trouve super. Quand j’étais enfant, j’ai eu une révélation : Giacometti. J’ai découvert Giacometti quand j’étais enfant, parce que j’ai grandi dans le sud de la France et que nous avons la chance inouïe d’avoir la Fondation Maeght à proximité. Et en effet, ma mère nous emmenait régulièrement, ma sœur et moi, au musée ou à la Fondation, et il y a justement ces Giacomettis incroyables dans la cour. Je ne les oublierai pas.

Tu sais, c’est comme, alors ça m’a vraiment fait plaisir quand j’étais petite, il y a aussi des Miros dans le jardin, elles sont magnifiques. Alors l’oiseau de lune est là, je l’aimais aussi. Donc vraiment au premier abord aussi, mais pas comme Giacometti. Et je crois que ça m’a vraiment marqué. Je ne veux surtout pas me comparer, oui. Mais tu sais, cette façon de réduire, de réduire et d’en faire le moins possible. C’était mon premier grand amour artistique.

Et puis, il y en a tellement. Et j’y suis aussi, tout comme j’utilise des médias très différents, j’aime des gens très différents, je crois. Je ne veux pas me fixer sur une direction. Et en ce moment, j’aime tellement Céleste Boursier-Mougenot. Il était autrefois au Centre Pompidou à Metz et il est maintenant à Paris, il a de nouveau un énorme spectacle avec ces travaux, qui sont magnifiques. Ce sont des bassins d’eau géants comme ça et il y a des assiettes qui se rencontrent. C’est dans la Bourse de Commerce du Pinault. C’est magnifique, ce bassin d’eau bleue et de céramique blanche et tout. Ils nagent dehors et je crois qu’ils font aussi du bruit.

Il l’a montré une fois à petite échelle, à Metz. Et c’était, à petite échelle c’était déjà, je suis restée assise là pendant des heures. Vraiment comme ça. Et certaines personnes trouvent cela tellement gimmick-art, j’ai lu aujourd’hui encore. Je me suis dit, non, c’est trop strict pour moi. Je ne suis pas d’accord avec le fait de considérer cela comme un gimmick-art, il fait juste avec si peu de moyens. C’est de l’eau et de la céramique – c’est fait. Et puis, il y a aussi des groupes qui se forment et ces bruits subtils. Magnifique. Vraiment merveilleux.

Verena Feldbausch: Là aussi, nous mettons le lien dans les shownotes pour que l’on puisse le regarder, parce que je suis moi aussi totalement fascinée par les images que j’y ai vues.

Véronique Verdet: Oui, c’est super.

Verena Feldbausch: Quels sont tes futurs projets ou thèmes que tu aimerais encore explorer dans ton travail artistique ?

Véronique Verdet: En fait, j’ai pris goût à la vidéo. Parce que cette fois, c’était la première fois que je faisais tout ça toute seule. Donc parce que, par exemple, pour les boules, j’ai aussi eu de l’aide pour le montage. Et je pense que les prochains temps, je vais l’utiliser pour monter en même temps que ma propre composition. Ce que nous avons ici à St. Wendel est sans son. Mais je pense que je vais aller un peu dans cette direction et sonoriser moi-même la vidéo. J’en ai vraiment envie. De toute façon, j’ai encore envie de faire du son. Parce que cela prend aussi beaucoup de temps. Donc, quand je fais du son, je ne fais que du son. Parce que c’est très, tu dois être très concentrée et tout. Mais c’est amusant.

J’aime beaucoup faire du son. Mais concrètement, il s’agit d’un projet dans un Conseil fédéral. Et plus précisément le 3 juillet, une exposition avec Armin Rohr, Malgorzata Sztremer et moi-même ouvre ses portes au Conseil fédéral. Parce que cette année, la Sarre, donc notre ministre-présidente, Mme Rehlinger, est la présidente du Bundesrat. Et chaque pays organise une exposition. Et elle voulait mettre l’accent sur le Triangle de Weimar, c’est-à-dire l’Allemagne, la Pologne et la France.

C’est pourquoi Andreas Bayer a fait appel à nous trois et nous exposons donc ensemble. Je suis très impatiente. Et l’année prochaine, peut-être encore ce projet en Suisse. Oui, donc c’était un appel d’offres pour des artistes d’Allemagne et de Suisse qui ont un lien quelconque avec le lac de Constance. Et comme mes grands-parents allemands ont vécu au bord du lac de Constance, j’ai un lien fort avec cette région. Et c’est une région où de très nombreux artistes ont vécu pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Il y a donc déjà beaucoup d’affinité artistique. Cette association veut maintenant présenter des travaux en plein air, des sculptures, sur les rives allemande et suisse. Il est fort probable que j’y travaille aussi avec le son. Mais pour l’instant, la mise en œuvre s’avère plus difficile que prévu. Et c’est pourquoi j’espère que ça va marcher.

Verena Feldbausch: Dans ce cas, je te souhaite bonne chance et je suis très impatiente. Mais dis-moi, je t’ai peut-être mal présenté. Tu as des grands-parents allemands. Tu es donc franco-allemande ?

Véronique Verdet: Oui, donc j’ai grandi en France. Ma mère est allemande, mes grands-parents étaient allemands. Et ils étaient le côté artiste de la famille. Et mon côté français, ce sont les juristes et les Allemands, justement, les artistes. Et c’est pourquoi j’ai toujours été en contact avec l’art et la vie d’artiste. Et des difficultés avec ça. C’est malheureusement très connu dans la famille. Mais en ce moment, j’ai une exposition avec mes grands-parents au musée d’art de Singen, au bord du lac de Constance. C’est une exposition vraiment complète de l’œuvre des deux grands-parents. Et on m’a mis à disposition une petite pièce comme contraste contemporain. Et là, je suis très heureuse. J’étais très sceptique. Mon grand-père s’appelait Walter Herzger. Et ce dernier était un élève du Bauhaus. Il a étudié au Bauhaus. Chez Klee, par exemple. Et ma grand-mère s’appelait Gertraud von Harlessem et elle avait été étudiante au Burg Giebichenstein. Et ils habitaient alors à Brême. Et à cause de la guerre, elle s’est installée au lac de Constance parce que des artistes y vivaient déjà sur l’île de Höri. Et puis ils sont restés là-bas après la guerre.

Verena Feldbausch: Et comment s’appelle l’exposition déjà ? Que nous le rappelions brièvement aussi.

Véronique Verdet: Donc l’exposition des grands-parents s’appelle “L’art de la simplicité” et ma partie s’appelle “Masses, frontières et territoires”. Au musée d’art de Singen jusqu’à fin août ma partie et les grands-parents un peu plus longtemps. Et surtout, cela m’a fait très, très plaisir, parce que ma grand-mère, c’est de l’histoire classique et tragique. Son mari ne voulait pas qu’elle fasse aussi de l’art. Il ne voulait pas, c’est tout. Et elle pensait qu’il était bien meilleur de toute façon. Et pendant un certain temps, elle a subvenu aux besoins de la famille. Et ne pouvait plus travailler. Et elle ne faisait plus de travail artistique. Et à un moment donné, quand la situation s’est améliorée, il a été professeur à Karlsruhe pendant un certain temps. Après, ça allait un peu mieux. Mais elle n’a pas pu continuer à travailler pendant des dizaines d’années.

Verena Feldbausch: Elle n’a pas travaillé comme artiste. Elle s’est occupée de la famille. Et financé la famille.

Véronique Verdet: Incroyable. Et elle n’était pas la seule. Il y avait donc, comme je l’ai dit, des gens qui vivaient sur Höri. Par exemple, Dix y vivait aussi et Erich Heckel. Une grande colonie d’artistes, donc. Et il y en avait un autre, je ne me souviens pas de son nom. Et c’était la même chose. La femme était une artiste, l’homme aussi. Mais elle est avec ma grand-mère, elles sont allées tous les jours en Suisse, à l’usine de machines à coudre et ont travaillé à la chaîne. Ou à la conserverie ou je ne sais quoi.

Verena Feldbausch: Heureusement, les choses changent un peu. Et justement, c’est très bien que tu sois dans cette exposition avec tes grands-parents. Je trouve que c’est une bonne chose aussi.

Véronique Verdet: C’est ce qui s’est passé il y a des années dans ce petit musée Hermann Hesse. C’était aussi une belle chose. C’est-à-dire que les grands-parents avaient, pendant le Troisième Reich, ils se sont réfugiés ensemble en Italie. Et ils ont travaillé ensemble. Il n’avait pas encore de problème avec ça, le grand-père. Et ils avaient des journaux intimes tenus ensemble. Avec des aquarelles, des dessins, des textes. Magnifique. C’est vraiment magnifique qu’il y ait quatre bandes. Et c’est de cela que l’exposition a été faite. À l’époque, la conservatrice avait produit, comment dire, des reproductions. Et j’y avais deux petites pièces pour mon travail. Et ça aussi, c’était passionnant. Mais cette fois, c’est différent. Parce que cette fois, le travail de ma grand-mère a été très apprécié. Et très bien montré.

Verena Feldbausch: Heureusement, elle est aussi conservée telle quelle. Je veux dire, beaucoup de choses ont été détruites pendant la guerre. Ou ça n’a pas été correctement conservé ou quoi que ce soit. Oui, c’est toujours une chance quand cela est préservé. Merci beaucoup, Véronique. Très belle conversation.

Véronique Verdet: C’est moi qui te remercie.

Conclusion et perspectives

Verena Feldbausch: C’était un aperçu du monde fascinant de l’art de Véronique Verdet. Nous n’avons pas seulement parlé de l’exposition “Fouloscopie” au musée de Sankt Wendel. Mais j’ai aussi trouvé très intéressant d’apprendre comment elle voit le monde, quelles perspectives elle nous montre à travers son art, de quelle famille d’artistes elle est issue et quels sont ses projets d’avenir. Cela vaut vraiment la peine de se rendre au musée de Sankt Wendel. L’exposition de Véronique est visible jusqu’au 6 juillet. Merci beaucoup de nous avoir rejoints aujourd’hui. J’attends avec impatience le prochain épisode de l’art talk SaarLorLux. D’ici là, votre Verena Feldbausch. As-tu aimé art talk ? Alors laisse 5 étoiles et recommande-nous à tes amis. Tu trouveras plus d’informations sur le podcast dans les shownotes et sur notre blog. Sois de nouveau de la partie lorsque nous parlons d’art chez art talk, le podcast d’art de SaarLorLux.

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